mercredi 15 juillet 2015

Le millénaire des fondations de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg


Hasard du calendrier, c'est justement lors du millénaire des fondations de la cathédrale de Strasbourg que nous décidons de lui rendre visite. Mille ans ce n'est pas rien. La Cathédrale est classée Monument Historique depuis 1862.


La Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg est une cathédrale gothique au monde dont la flèche culmine à 142 mètres. Elle est la septième plus haute cathédrale derrière celle de la ville d’Ulm en Allemagne, d’une hauteur de 161,5, la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, d’une hauteur de 158 mètres, la Cathédrale de Cologne (Haute Église Cathédrale Saint-Pierre et Sainte-Marie) haute de ses 157 mètres, la Cathédrale Notre-Dame de Rouen, la plus haute de France, 151 mètres, la Cathédrale Notre-Dame de Reims, d’une hauteur de 149 mètres, l'Église Saint-Nicolas de Hambourg, haute de 147 m et devant la Cathédrale Saint-Étienne de Vienne, en Autriche, d’une hauteur de 136,4 m, la Nouvelle Cathédrale de Linz, haute de 134 m, la Basilique Saint-Pierre du Vatican haute de 136 m et la Cathédrale Saint-Guy, Saint Venceslas et Saint-Adalbert de Prague d’une hauteur de 124m.


L’édifice repose sur des fondations romane de 1015 même si à l'origine, le site fut d'abord occupé par un sanctuaire romain. Elle est posée sur un socle de limon et d’argile renforcé par des pieux en bois enfoncés dans la nappe phréatique. Au début du XXe siècle, quand la régularisation du Rhin a fait baisser la nappe phréatique, le système a été renforcé par des coulées de béton.


La Cathédrale de Strasbourg fut construite vers les XIIème et XIVème siècles. À l’origine, elle était conçue sur le modèle de Notre-Dame de Paris, avec deux tours carrées. Plus tard le beffroi a comblé le vide entre les deux tours, puis on a construit le clocher et la flèche qui culmine à 142 mètres sur le tour nord. À la fin du XVe siècle, le projet de la seconde tour à flèche n’a jamais abouti.


Comme de nombreuses églises catholiques de Strasbourg, la cathédrale a été un lieu de culte protestant durant plus de 150 ans. Au début de la Réforme en 1517, la ville de Strasbourg a été l’une des premières villes à appeler au changement. Dès 1518, on pouvait trouver sur les portes de la cathédrale les thèses critiques de Luther. La cathédrale a été utilisée par le culte protestant en 1529 et la ville a adhéré au luthéranisme en 1532. Louis XIV a mis un terme à la domination protestante à Strasbourg. Il s’est emparé de la ville après la guerre de Trente Ans. La cathédrale a été rendue aux catholiques en 1679 de même qu’une quarantaine d’églises de la cité.


Lors de la révolution française, des centaines de statues ont été détruites et la plupart des cloches ont été fondues pour en faire des canons. En 1793, la cathédrale a été transformée en temple du culte de la Raison et la flèche a été mise en procès devant un tribunal révolutionnaire car sa hauteur faisait injure à l’égalité. Le maître serrurier Stultzer a convaincu les républicains de coiffer le clocher d’un bonnet phrygien géant, qui vanterait les vertus de la Révolution jusqu’en Allemagne. Elle a été rendue aux catholiques en 1801 et les grands travaux de restauration ont débuté en 1813.


La cathédrale de Strasbourg possède le plus riche ensemble de cloches de France avec un système de double sonnerie unique en Europe. Il se compose de quatre cloches simples pour les heures, 16 cloches de volées, pour les offices, les angélus et les glas, réparties entre le beffroi à l’avant et la tour Klotz, octogonale, érigée à l’arrière de l’édifice en 1878. Les quatre cloches les plus récentes ont été installées dans la tour Klotz en septembre 2014 pour l’ouverture du Millénaire de la cathédrale. Les cloches sonnent chacune un ton musical précis et sont accordées entre elles. Dans le beffroi, le grand bourdon, la cloche la plus impressionnante, est vieux de près de six siècles. À ses côtés, la Zehnerglock, la cloche de dix heures, annonce l’heure du couvre-feu depuis 1786.


La cloche de dix heures reste pour certains la cloche des Juifs qui rappelle l’époque où les Juifs étaient chassés de la ville à la fin de la journée. En réalité, elle aurait sonné la fermeture des portes jusqu’à la Révolution, puis annoncé à 22h le couvre-feu, moment où les habitants devait éteindre leurs foyers pour prémunir la cité des incendies.


Sur les façades de la cathédrale, deux statuaires témoignent des siècles d’anti-judaïsme de l’Eglise catholique. Ils opposent l’Eglise triomphante et de la Synagogue aveugle. L’allégorie est visible juste au-dessus du portail principal. L’Eglise et la Synagogue se tiennent de part et d’autre du Christ en croix. Un serpent encercle le visage de la figure juive et lui couvre les yeux. L'autre allégorie se cache sous les bâches des travaux.


La cathédrale a subi de nombreux travaux de restauration dus à la fragilité du grès des Vosges utilisé pour sa construction.


Nef de la cathédrale


Ensemble du bas-coté Nord de la nef avec ses grandes verrières et ses voûtes sur croisées d'ogives.


Retable de Saint Roch, Saint Maurice et Saint Nicolas situé dans le transept Nord. Il a été réalisé au XVe siècle. Il comprend une peinture représentant Saint Antoine l'Ermite lorsqu'il est fermé et cinq sculptures en bois polychromes: sur le panneau gauche Saint Matthias, sur le panneau central, Saint Roch, Saint Maurice et Saint Nicolas, sur le panneau de droite Saint Florian lorsqu'il est ouvert.


Retable Saint-Pancrace dans le transept Nord. Il a été réalisé en 1522. Ses sculptures en bois polychrome représentent sur le panneau gauche, la Nativité; sur le panneau central, Saint Nicolas, Saint Pancrace, Sainte Catherine et sur le panneau droit La Nativité de Jésus. Lorsqu'il est fermé, les deux panneaux sont peints des figures du pape Corneille avec Saint Pancrace à gauche et à droite Saint Nicolas avec sainte Catherine portant la roue de son martyre. En bas, cinq arcades présentent des sculptures en bois polychromes du Christ en Gloire entouré de 11 apôtres.


Tableau représentant Saint Laurent dans la chapelle Saint-Laurent


Monumentale sculpture du mont des Oliviers commandée en 1498 par Nicolas Roeder pour le cimetière de l'église Saint-Thomas, avant d'être transférée dans la cathédrale en 1667.


Fonts baptismaux, exécutés en 1453 par le maître d'œuvre de la cathédrale de l'époque, Jodoque Dotzinger. Ils sont sculptés d'une manière très fouillée et constituent un chef-d'œuvre de l'art flamboyant. Pour une raison inconnue, ils ne sont pas octogonaux comme partout ailleurs, mais heptagonaux.



Grand orgue orgue 1385-1489-1714 accroché en nid d'hirondelle dans la nef remanié par Jean-André Silbermann au XVIIIème siècle.



Orgue Merklin



Chaire de style gothique flamboyant du XVème siècle réalisée par le maître d'oeuvre Hans Hammer en 1485. Une cinquantaine de statues la décorent, abordant de nombreux thèmes tels que les évangélistes, un cortège de huit figures d'apôtres, la Crucifixion de Jésus-Christ entouré de sa mère Marie et de l'apôtre Jean ou encore sainte Barbe, saint Laurent et les anges portant les instruments de la Passion.


La cathédrale est le théâtre d’un étrange phénomène deux fois l'an, à 11h38 lors de l’équinoxe de printemps, fin mars, et à 12h24 lors de l’équinoxe d’automne, fin septembre, le soleil traverse le pied de verre d’une représentation du patriarche Juda et projette une lumière verte sur la chaire, au-dessus de la tête d’une statue du Christ.


L’ingénieur-géomètre Maurice Rosart a découvert le phénomène après le nettoyage du vitrail en 1972 alors que le vitrail avait été installé il y a plus d'un siècle. Aucune trace écrite des intention des auteurs n’a jamais été découverte et laisse la place à de nombreuses interprétations.



Sauf deux exceptions, les vitraux de la cathédrale sont d’origine. La plupart a été réalisée en série de l’époque gothique à la fin du Moyen-Âge et suivent une logique d’ensemble.


La grande rosace de la Cathédrale Notre-Dame, réalisée par l'architecte Erwin de Steinbach au XIXème siècle, illustrée par des épis de blé symbolisant la richesse commerciale de la ville de Strasbourg.


Les bombardements américains de 1945 ont détruit les vitraux de l’abside, au fond du cœur. Pour les remplacer, le Conseil de l’Europe a offert en 1956 le vitrail de la Vierge.


Le pilier des anges


La statue d'un homme accoudé à une balustrade, qui selon la légende serait un architecte concurrent attendant de voir s'effondrer le pilier des anges.


L’horloge astronomique indique l’heure, les calendriers civil et religieux et des données astronomiques. Elle est installée dans un buffet du XVIe siècle, mais son mécanisme ne date que de 1842.

Le mécanisme est l’œuvre du strasbourgeois Jean-Baptiste Schwilgué, génie autodidacte à la fois mathématicien, astronome et mécanicien. Aujourd'hui, elle est remontée tous les lundis.


Cette horloge est la troisième horloge de la cathédrale. Une première a fonctionné de 1354 jusqu’au début du XVIe siècle. Une deuxième a été réalisée avec le buffet et les décorations actuels en 1571 et a cessé de fonctionner à la veille de la Révolution.


Pour le millénaire, l’artiste strasbourgeois Daniel Depoutot finalise actuellement l’Horloge du millénaire, une installation d’art contemporain. Le sculpteur expose son mécanisme de métal et d’automates de 10 mètres de haut sous la grande verrière de la gare du 20 juillet au 20 août 2015 et du 24 août au 24 septembre à l’hôtel de Région.

Vues du soir et son et lumières



On se retrouve demain pour la suite du voyage.

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