lundi 3 octobre 2016

Chasse-galerie Claude DUBOIS




À force de rester dans la forêt à s'ennuyer,
Le diable est venu les tenter;
Il fallait deux semaines quand la glace s'était en allé
En canot, pour s'en retourner.
C'était déjà l'hiver, les grands froids nous mordaient les pieds,
Impossible de s'en aller,
C'était déjà Noël, le nouvel An montrait son nez,
Tous les hommes voulaient s'en aller.
Le diâb' guettant comme un rapace son gibier,
Vint leur offrir tout un marché:
«Dans un canot, dans le plus grand que vous avez
Installez-vous là, sans bouger,
Quand minuit sonnera, vot' canot d'un coup bougera,
S'élèvera pour t'emporter,
Mais si l'un d'entre vous une fois la fête terminée
Manqu' le bateau, vous périrez,
Et chez le grand Satan vous irez brûler, ignorés,
Ignorés pour l'éternité!»
Le canot s'éleva, jusqu'au ciel ils furent emportés
Jusqu'à leur village tant aimé;
Chacun revint une fois la fêt' terminée,
Sauf le dernier, sans y penser
Posant le pied, en embarquant s'est retourné,
S'est retourné sans y penser;
Alors le grand Satan dans un tourbillon de brasier,
Tous et chacun a emporté.
Le plus jeune d'entre eux, le plus méfiant, le plus peureux,
Gardait comme un bijou précieux
Une prière à tuer les diables de la terre,
Et quand il eut enfin cité,
Comme des étoiles, furent soudainement libérés
Devant leur cabane isolée.

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